d'autres precisions sur cette affaire :affraid:
Casting prestigieux pour ventes d’armes opaquesMême si leurs responsabilités sont diluées, les leaders de l’actuelle majorité apparaissent en nombre dans l’affaire DCN.
Par
RENAUD LECADRE Les principaux ténors de l’actuelle majorité présidentielle se sont impliqués, depuis quinze ans et chacun à leur manière, dans les affaires de ventes d’armes de la Direction des constructions navales (DCN) à destination du Pakistan et de l’Arabie Saoudite. Des microrôles, dont l’accumulation dessine rétrospectivement un étonnant casting.
Nicolas Sarkozy. En 1994, ministre délégué au Budget, il donne son feu vert à la DCN en vue de créer une structure luxembourgeoise, Heine, par laquelle transiteront des commissions à l’exportation. A l’époque, ces flux offshore étaient déductibles de l’impôt sur le bénéfice des sociétés, après accord de Bercy. Le feu vert de Sarkozy est strictement logistique : il ne vaut pas autorisation à des rétrocommissions versées à des décideurs français, il signifie encore moins que lui-même en serait éventuellement bénéficiaire. Simplement, Sarkozy autorise alors des virements à l’étranger - discrets, à défaut d’être occultes - dont tout le monde sait qu’ils font l’objet de rétrovirements. Son feu vert est doublé de celui de Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet d’Edouard Balladur à Matignon, toujours intime de l’actuel président de la République. Mais aussi de François Léotard, alors ministre de la Défense, désormais pourfendeur de la Sarkozie.
François Pérol. Aujourd’hui nommé à la tête du groupe Caisse d’épargne-Banque populaire, ex-secrétaire général adjoint de l’Elysée en charge des affaires économiques, déjà membre du cabinet de Nicolas Sarkozy lors de son second passage à Bercy (en 2004), on sait moins qu’il fût aussi administrateur de la DCN. C’était à la fin des années 90, quand Pérol était membre de la direction du Trésor - et quand valsaient les commissions baladeuses. En tant que haut fonctionnaire, donc, et ne faisant pas encore partie de la galaxie Sarkozy.
Brice Hortefeux. Bien des années plus tard, en 2005, il intervient auprès des services fiscaux. Depuis l’adoption de la directive anticorruption de l’OCDE, en 2000, les commissions offshore sont proscrites. Mais la DCN entend continuer à les déduire de son bénéfice imposable, sous couvert de «frais commerciaux». Bercy accepte dans un premier temps, avec un plafond de 15 %. Trop peu pour la DCN, manifestement plus généreuse en matière de grands contrats. Elle charge Hortefeux, alors ministre délégué de Sarkozy au ministère de l’Intérieur, de jouer les petits télégraphistes auprès de Bercy en transmettant ce courrier :
«S’il est bien vrai que des fonds ont transité vers des sociétés au Luxembourg et en Belgique, ceux-ci ont servi, pour l’essentiel, à s’assurer de la rétribution des sources et du paiement de documents confidentiels.» Hortefeux s’exécute et transmet à son collègue des Finances.
Jean-François Copé. Alors ministre du Budget, il fait répondre à la DCN :
«J’ai fait procéder à un examen particulièrement attentif de cette affaire. Les commissions versées ont été considérées comme engagées dans l’intérêt de l’entreprise à hauteur de 15 % du chiffre d’affaires réalisé. Aucun événement nouveau n’étant présenté, le taux de commission admis, particulièrement bienveillant compte tenu des pratiques courantes en la matière, ne me paraît pas pouvoir être remis en cause.» Ultime sursaut chiraquien, Copé transmet le dossier au parquet : le fisc est à l’origine du déballage pénal de l’affaire DCN.
Jean-Louis Borloo. Dieu sait pourquoi son nom est mentionné dans le dossier. A propos d’une mission confiée à un cabinet de détectives privés, baptisée «Bonaparte», liée à la vente de frégates à Taïwan - record mondial de commissions : 20,85 % du contrat. Un mémo interne de la DCN fait état de l’intervention d’un
«homme politique local». Interrogé en cours d’instruction, un dirigeant de la DCN ne se fait pas prier :
«Il s’agit de Jean-Louis Borloo», avocats d’affaires, depuis devenu ministre. Sans plus de précisions.